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Syndrome TAFRO : une entité à connaître pour une prise en charge précoce - 19/12/20

Doi : 10.1016/j.revmed.2020.10.209 
R. Praliaud 1, , T. Ghesquiere 1, D. Caillot 2, A. Payssot 2, M. Samson 1, B. Bonnotte 1, S. Audia 1
1 Médecine interne et immunologie clinique, CHU de Dijon, Dijon 
2 Hématologie, CH régional universitaire de Dijon Bourgogne, Dijon, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Sous-groupe particulier de la maladie de Castleman (MC) multicentrique idiopathique, le syndrome TAFRO associe thrombopénie (T), anasarque (A), fièvre, fibrose médullaire réticulinique (F), atteinte rénale (R) et organomégalie (O). Challenge diagnostique, la méconnaissance de cette pathologie entraîne parfois une errance diagnostique et un retard à la prise en charge délétères pour le patient. Nous rapportons ici le cas d’une pancytopénie fébrile avec organomégalie révélant un syndrome TAFRO.

Observation

Une femme de 24 ans, aux antécédents de fausse couche spontanée, se présente pour douleurs abdominales brutales du flanc gauche. Une stimulation ovarienne par CLOMIFENE était en cours depuis plusieurs mois. Le tableau clinique associe fièvre (38,7°C), asthénie et hépatosplénomégalie avec adénomégalie sus-claviculaire gauche. Le bilan biologique révèle une pancytopénie (leucocytes 2 G/L, hémoglobine 6,3g/dL, plaquettes 67 G/L), un syndrome inflammatoire (CRP 190mg/L puis 396mg/L, fibrinogène 9,8g/L), une cholestase subictérique (GGT 683 UI/L, PAL 682 UI/L, bilirubine totale 25μmol/L), un TP à 40 %, une albuminémie à 14g/L et des LDH normales à 236 UI/L. Une insuffisance rénale s’installe progressivement avec une créatininémie à 115mol/L et une protéinurie à 1,16g/24 H. Le scanner TAP montre de multiples adénomégalies sus et sous diaphragmatiques avec hépatosplénomégalie et de multiples lésions ostéocondensantes. Dans les jours qui suivent, une anasarque s’installe avec OMI, ascite et épanchement pleural. Le bilan est complété : le taux des gammaglobulines est normal ; les PCR EBV, CMV, HHV8, parvovirus B19 et les sérologies hépatites B et C, VIH, toxoplasmose sont négatives ; les ANA sont à 1/640 sans spécificité. L’IL-6 plasmatique est à 42,7pg/mL (N<10pg/mL) et le VEGF à 127pg/mL (N<115pg/mL). L’ascite est exsudative avec un taux d’IL-6 à 1810pg/mL (N<7pg/mL). Le TEP-scanner montre un hypermétabolisme ganglionnaire, hépatosplénique et des os longs. Les biopsies des ganglions sus-claviculaires et rétropéritonéaux objectivent une lymphadénite non spécifique, la biopsie hépatique est sans particularité et la biopsie ostéomédullaire montre un aspect de fibrose médullaire. Le caryotype médullaire est normal, il n’y a pas de mutation JAK2. Le diagnostic de syndrome TAFRO est finalement posé et un traitement par SILTUXIMAB (anticorps anti-IL-6) est associé à la corticothérapie à 1mg/kg/jour qui était jusqu’alors peu efficace seule. Un effet spectaculaire est observé avec régression des signes généraux, des douleurs abdominales et de l’anasarque. L’anémie et la thrombopénie se corrigent dès la première perfusion. Après 6 perfusions de SILTUXIMAB, avec une corticothérapie à 10mg/jour, la patiente est asymptomatique et le scanner TAP s’est normalisé.

Discussion

Le syndrome TAFRO est une entité clinicopathologique à part entière qui se détache de la MC multicentrique idiopathique. D’étiologie inconnue, les symptômes cliniques résultent d’une tempête cytokinique impliquant l’IL-6, l’IL-2 et le VEGF [1]. Sa présentation plus bruyante et son aspect réfractaire initial est responsable, dans les six premiers mois, d’une mortalité plus importante qu’au cours de la MC multicentrique idiopathique, ce qui souligne l’importance d’un diagnostic rapide et d’un traitement intensif sans délai. Cependant, le manque de biomarqueurs ou d’anatomopathologie spécifique est un obstacle majeur au diagnostic et à l’utilisation précoce de thérapeutiques efficaces comme les inhibiteurs de l’IL-6. En effet, si l’histologie ganglionnaire peut montrer une MC mixte, elle est parfois normale ou le siège d’une lymphoprolifération non spécifique comme dans notre observation [1]. L’autre enjeu majeur de cette pathologie est la fréquence des rechutes ou poussées tardives nécessitant un suivi prolongé. Les critères diagnostiques proposés en 2015 ont été révisés en 2019 afin d’aider au diagnostic de syndrome TAFRO et d’éliminer les diagnostics différentiels [3, 2].

Conclusion

Le syndrome TAFRO demeure une pathologie mal connue. De diagnostic difficile et de mauvais pronostic, il doit être connu de l’interniste afin d’améliorer la rapidité diagnostique pour une prise en charge thérapeutique adaptée et sans délai.

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Vol 41 - N° S

P. A124-A125 - décembre 2020 Retour au numéro
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